Les « relais popotes » de Bordeaux
L’aide alimentaire a connu une évolution notable au milieu des années 80 par la création de la Banque Alimentaire et des Resto du cœur ; les principes de collecte et de redistribution sont alors devenus les principaux canaux de soutien aux populations fragilisées économiquement. Les associations caritatives se sont saisies de cette mission et l’assure aujourd’hui avec conviction et un sens aigu d’assistance envers nos concitoyens confrontés à différentes formes d’exclusion.
Cette forme de soutien trouve toutefois ses limites : massification des demandes d’aide, de nouvelles formes de vulnérabilité telles que les squats ou les séjours d’hébergement longs à l’hôtel, couverture inégale de l’offre sur les territoires ou encore faible unité des associations œuvrant sur ce champ.
Une vision plus globale de ce sujet doit émerger et prendre en compte les aspects économiques, sociaux, de santé, de développement durable et de territoires. Rappelons que l’alimentation est un enjeu primordial qui a constitué le thème de l’exposition universelle de Milan en 2015. Bordeaux, ville-pilote de la gouvernance alimentaire en Aquitaine depuis mars 2014, investit l’ensemble des sujets liés à cette thématique depuis octobre 2012.
Pour sa part, le CCAS de Bordeaux a engagé depuis plusieurs années une démarche d’animation et de coordination des acteurs de l’aide alimentaire sur Bordeaux poursuivant l’objectif de faire évoluer l’offre vers une nouvelle dynamique qui permettrait une évolution des places et rôles des acteurs, institutionnels, associatifs et usagers et une appréhension globale du sujet.
Dans cette logique de développement, le CCAS a proposé à ses partenaires de s’engager dans un projet simple et innovant : basé sur la mutualisation de moyens. Le projet nommé « Relais Popotes » consiste à mettre à disposition des espaces-cuisine existants et non utilisés à temps, au sein d’associations par exemple, sur des créneaux horaires identifiés, afin d’offrir la possibilité de préparer des repas aux nombreuses personnes vivant dans des conditions d’hébergement précaires qui ne leur permettent pas de cuisiner.
L’autonomie et la participation des bénéficiaires sont une composante et une finalité de ce projet. Il vise par ailleurs à mobiliser le secteur marchand et celui de la production sur la lutte contre le gaspillage en activant un réseau de récupération des invendus ou des surplus.
Afin d’identifier la démarche dans laquelle plusieurs partenaires sont déjà engagés de manière effective, la Ville de Bordeaux a déposé le label « Relais Popote ». Un logo a été créé par la direction de la communication ; il permettra d’identifier les lieux et différents acteurs associés à l’action.
L’intérêt du projet vient d’être reconnu par le Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé qui l’a retenu sur un appel à projet national en lui accordant un financement.
Plus globalement, le projet s’inscrit dans les orientations nationales de la politique de l’alimentation (le Ministère de l’agriculture élabore « une politique publique de l’alimentation pour l’avenir ») qui vise à mobiliser et engager les collectivités, associations, acteurs économiques et citoyens dans la construction d’un modèle durable : Promouvoir une alimentation saine, durable et accessible à tous, autour de 4 axes prioritaires : La justice sociale ; L’éducation alimentaire ; La lutte contre le gaspillage alimentaire et L’ancrage territorial.
C’est en ce sens que le projet « relais popote » doit s’inscrire dans une dimension et un portage plus large de Responsabilité Alimentaire, en lien avec les acteurs du territoire et notamment la Direction du Développement Durable.